Le guichet maritime unique européen semble bel et bien sur la route. Après le règlement adopté en 2019, la Commission et les services de l’Union européenne se sont mis au travail pour respecter l’échéance attendue en 2025. À mi-chemin de l’échéance, les intervenants ont fait le point sur la situation.
Roberto Alongi, policy officer à la DG Move, a rappelé que le projet européen ne vient pas se substituer aux guichets uniques nationaux mais plutôt apporter une harmonisation pour une plus grande facilité de communication. Le règlement européen repose sur trois principes : l’échange harmonisé des données, la création d’un module mis en place par la Commission européenne et mis à disposition des guichets uniques nationaux et, le partage des données entre les acteurs portuaires de l’UE.
Dans l’esprit développé par le responsable de la Commission, l’idée n’est pas de développer un système lourd. Il s’agit surtout de permettre d’harmoniser les messages entre les différents systèmes nationaux de façon simple. Dans ce contexte, l’UE doit fournir un module pour permettre à tous les guichets uniques de collecter les données. […]
Du côté des États membres, les choses avancent et notamment en France. « Nous disposons déjà d’un réseau de guichet pour les formalités d’entrée et de sortie des navires. Notre réseau portuaire comprend une soixantaine de ports de taille différente. Le système d’information portuaire doit donc s’adapter aux besoins de chaque port », a rappelé Julien Fernandez, Chef du bureau de la stratégie et du développement portuaire du ministère de la transition écologique et solidaire.
Et le responsable du ministère a rappelé l’importance que le gouvernement attache à ce dossier. « La transition numérique est inscrite dans la stratégie nationale portuaire. Ce projet est en ligne avec nos objectifs de simplifier le passage de la marchandise. » […]
Cette transition vers une interface harmonisée au niveau européen doit se faire autour d’un fil rouge : la préservation et la continuité des opérations avec une qualité de service équivalente. L’enjeu est donc de taille pour les informaticiens portuaires qui travaillent en back office. Parce que l’informatique portuaire demeure un dédale de plates-formes, d’entrées et de sorties qu’il faut bien identifier.
En effet, comme l’a rappelé Jérôme Besancenot, directeur de projet transition numérique d’Haropa Port, le guichet unique national n’est pas le seul outil informatique au travers des Port Operating System. Parallèlement, dans les ports, les opérateurs sont utilisateurs d’un PCS, Port Community System, d’un système propre à leur société qui sont tous reliés les uns aux autres. « En 1992, nous avons créé un groupe de travail européen, Protect, qui a commencé à réfléchir et normaliser des données pour des échanges entre les ports », explique Jérôme Besancenot. […]
[…] Cette harmonisation des échanges de données, les PCS ont déjà travailler dessus. Hervé Cornède, président de France PCS, rappelle que pour ses clients, il a fallu adapter les systèmes aux process métiers des entreprises. Le travail fourni, tant au niveau national qu’au niveau européen, porte déjà ses fruits au travers de l’organisation internationale IPCSA, qui regroupe les sociétés d’informatique portuaire.
La France joue un rôle de pilote. « Nous ne partons pas d’une feuille blanche. Nous disposons de sept Port Operating System. Ces systèmes évoluent régulièrement. Nous pouvons nous appuyer dessus pour évoluer vers le Guichet maritime unique », a rappelé Julien Fernandez. La prochaine étape sera la livraison du module de liaison entre les POS européens. […]